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Rouge Blanc Bleu de Léa Carpenter

Dernière mise à jour : 26 août 2021



Lea Carpenter est née en 1972 dans le Delaware. Diplômée de Princeton et de Harvard, elle a été éditrice du magazine de Francis Ford Coppola, Zoetrope. Elle partage son temps d’écriture entre scénarios et œuvre romanesque. Onze jours est son premier roman, qu’elle a commencé à écrire après la mort de son père, espion dans l’Army Intelligence en Chine et en Birmanie pendant la Seconde Guerre mondiale. Lea Carpenter vit à New-York.



Anna adore son père, le charismatique Noel, banquier new-yorkais dont elle est la fille unique. Mais Noel meurt dans une avalanche en Suisse la veille du mariage d’Anna, laissant derrière lui bien des zones d’ombres. Quelques mois plus tard, alors qu’elle est en lune de miel dans le sud de la France, Anna fait une rencontre troublante. Un ancien collègue de Noel lui promet des révélations sur le passé de son père. Et de retour à New York, la jeune femme reçoit une clé USB. Sur celle-ci, des vidéos de Noel au centre d’un interrogatoire impitoyable. Tout ce qu’Anna croyait savoir sur la vie de son père – et sur son décès – vole alors en éclats.


MON AVIS


La structure de ce livre - de courtes sections (parfois des paragraphes simples) écrites d'une manière riche et évocatrice montre immédiatement que la présentation de l'histoire est aussi importante que l'intrigue. L'intrigue relativement maigre - la fille d'un officier de la CIA reçoit la visite d'un agent sur le terrain qui partage des informations sur le passé de son père, le tout dans le contexte de l'élection de son mari au Sénat américain - est utilisée comme cadre pour l'histoire mais ce n'est clairement pas le sujet du livre. En alternant de brefs extraits de l'histoire d'Anna et un récit à la première personne par l'agent responsable, Carpenter montre comment le travail d'un agent de la CIA reflète des éléments de toutes nos vies.


L'auteure érige habilement un mystère central concernant Noël, qui remet en question les croyances et les souvenirs d'Anna à son sujet. Les courtes sections de la narration propulsive plongent le lecteur dans le suspense et l'intrigue comme un film ou une émission télévisée bien fait pour un spectateur.


Roman d’espionnage ? Récit psychologique ? Livre de l’intime et de l’analyse ? Rouge, Blanc Bleu de Léa Carpenter est un peu tout cela. Les amateurs de thrillers d’espionnage en mode pageturner seront cependant déçus car l’action laisse ici la place à une réflexion profonde et documentée sur le fonctionnement de la CIA et ses rapports avec ceux qui la servent. Comme dans Onze jours, on retrouve la méticuleuse précision des recherches de Léa Carpenter : méthodes de recrutement, mise en condition, utilisation permanente du polygraphe, traitement des informateurs et surtout, fragilité et instabilité du statut d’agent… la CIA du XXIe siècle est décrite avec réalisme et distance. L’ennemi a changé, les équilibres mondiaux ont évolué, mais les méthodes de l’agence semblent incroyablement datées.




CITATIONS


“Le renseignement chinois décrit sa philosophie comme celle des “mille grains de sable”. Que fait le renseignement américain lorsqu’il veut savoir à quoi ressemble la plage du cap d’Antibes ? Il demande au National Reconnaissance Office d’étudier les images satellites de la Méditerranée. Il demande à la National Security Agency de mettre sur écoute les appels en provenance et à destination de cette zone. La CIA dépêche un agent, il ou elle fait un tour, mange une crêpe, parle au surfeur. La Marine envoie un sous-marin patrouiller la côte.


Si le renseignement chinois veut savoir à quoi ressemble la plage du cap d’Antibes, il dépêche un millier de touristes. Des “touristes”. Chaque touristes reviennent en Chine, et le renseignement chinois reconstruit la plage, sur sa base, grain par grain.”


"Pour comprendre la Chine, tu dois la voir comme elle te voit. Kissinger comprend la réponse à la question : « À quoi ressemble un problème lorsqu’il mijote pendant dix ans, ou trente plutôt que pendant une heure ? » Il ressemble à la mer de Chine."


"Elle n’avait pas conscience de ce que sa vraie interprétation de l’amour ne venait ni de l’université, ni du mariage, mais de son père. Le jeu des comparaisons entre les soupirants et le père est courant et injuste. Il défavorise les soupirants, dont nous voyons clairement les défauts, contrairement au père dont les défauts sont éclipsés, voire délibérément dissimulés, en présence d’un enfant."


« Le choix unique » c’est « une situation où la seule option possible est aussi séduisante que terrifiante. »


« Sa mère représentait une sorte de perfection que les autres femmes essayaient, en vain, de copier. Quoi que son art ne réside pas tant dans la perfection – la perfection étant éminemment copiable –, mais dans l’impression de facilité qui l’accompagnait. »


“C’est une tendance paradoxal, chez les filles dont le père est très fort, de céder le rôle central à papa pour protéger sa fierté, ou peut-être pour protéger l’idée qu’il se fait de sa place dans la vie de sa fille.”


“Quand on te fait confiance, tu as confiance en toi.”


"Lorsqu'on perd quelqu'un qu'on aime, on n'a qu'une seule envie, c'est être avec les gens qui l'aimaient aussi."



Vous pouvez le trouver ici

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