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Marina A d'Éric Fottorino

Dernière mise à jour : 26 août 2021



Né en 1960, Eric Fottorino est cofondateur, directeur de la publication, écrivain, ancien PDG du groupe Le Monde, auteur notamment de Caresse de rouge, Korsakov, et L’Homme qui m’aimait tout bas.



À l’approche de Noël 2018, le docteur Paul Gachet emmène sa femme et sa fille à la découverte de Florence. Alors qu’il brûle de leur faire découvrir les Botticelli, les charmes de la vieille ville et du fleuve Arno, leur séjour est perturbé par l’apparition d’une performeuse serbe, Marina Abramovic, à travers les rues de la cité jusqu’aux salles du Palazzo Strozzi. Qui est cette femme soudain omniprésente qui bouleverse tous les repères de Paul Gachet et des siens, malmenant son propre corps pour parler à une humanité sourde et défaillante ?

Chirurgien-orthopédiste, Paul Gachet répugne aux mutilations de l’artiste. Mais il est malgré lui envoûté par son univers qui, s’éloignant peu à peu d’une violence gratuite en apparence, exprime une recherche d’harmonie avec l’autre, en particulier avec son compagnon Ulay qu’elle enlace à l’étouffer avant de nouer sa chevelure à la sienne ou d’exposer son cœur à la flèche de son arc.

Deux ans après cette apparition florentine, Paul Gachet tombe par hasard sur une photo ancienne de Marina A et d’Ulay intitulée L’impossible rapprochement. Prise en 1983 à Bangkok, elle montre deux êtres qui voudraient se toucher mais en sont mystérieusement empêchés et doivent rester à distance l’un de l’autre. Alors qu’éclate la pandémie planétaire, Paul Gachet comprend que les manifestations de cet art étaient une forme d’alerte dont il saisit enfin toute l’importance. Une incitation à protéger l’autre, à refonder nos sociétés sur ces deux petits mots : « après vous ».



MON AVIS


Je n'avais jamais entendu parler de Marina Abramovic, je ne connaissais pas les performances dans le milieu de l'art, j'avais aperçu une fois une performance au Palais de Tokyo qui m'avait laissé perplexe. Quand j'étudiais les menstruations pour réaliser le documentaire 28 jours, j'avais entendu parler d'une performance de l’artiste suisse Milo Moiré «PlopEgg #1, après s’être introduit des œufs plein de peintures dans le vagin, elle les a « pondus » au-dessus d’une toile. Pour le coup, j'avais beaucoup de mal à comprendre la démarche. Peut-être parce que comme beaucoup je n'ai pas écouté le message derrière l'œuvre, peut-être parce que ça me dérangeait, me gênait.


Grâce à ce livre, j'ai compris beaucoup de choses, j'ai compris que l'on pouvait être sensible si on s'ouvrait, si on regardait véritablement une performance. J'ai ressenti beaucoup d'émotions à la découverte du personnage de Paul, il n'est pas plus sensible que cela à l'art, ni à la performance mais il va être pénétré par l'envie de découvrir cette femme, cette artiste.


Eric Fottorino à une plume impeccable, brute, son dernier roman, comme les précédents est très agréable à lire et difficile à lâcher !


CITATIONS


« La Yougoslavie m’avait gavée avec cette présomption esthétique que l’art devait être beau, racontait Marina Abramovic. Les amis de ma famille estimaient qu’il fallait posséder des peintures assorties aux tapis et aux meubles, que l’art était d’abord décoratif. Moi je cherchais le sens de l’art, pas la beauté. Dans cette performance je voulais détruire cette image de beauté car j’en étais venue à croire que l’art devait déranger, poser des questions, et même dire quelque chose de l’avenir. L’art était politique, sinon il ne serait pas plus qu’un journal qui ne vaut que pour une journée. Avant de se périmer dès le lendemain. »

« Ce travail me révélait ce qu’il y a de plus horrible chez les gens. Il montrait à quelle vitesse quelqu’un peut se décider à te blesser lorsqu’il y est autorisé. À quel point il est facile de déshumaniser quelqu’un qui ne se défend pas. Cela montrait aussi que la majorité des gens "normaux" peuvent devenir très violents en public si on leur en donne la possibilité. »

« J’ai compris ce jour-là que Maud venait de s’équiper d’un objet barrière supplémentaire pour mettre le monde - et moi - encore plus à distance. J’ai essayé d’imaginer ce que pourrait être nos petits déjeuners familiaux, Lisa plongée dans un silence profond, Maud perfusée aux ultimes disques de Leonard Cohen ou de David Bowie, pendant que je suivrais les infos à la radio. Une idée m’a effleuré. Si pareil casque avait existé au moment de Rythm O, Marina l’aurait-elle posé parmi les objets de douceur ou parmi les instruments de torture ? »

« Depuis qu’ils étaient enfermés chez eux, les gens se passionnaient pour les puzzles. Ils représentaient des scènes d’anthologie, des personnages historiques ou des paysages bucolique. Ils comptaient des centaines et parfois des milliers de pièces. »


Vous pouvez le trouver ici (à partir du 7 janvier)

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1 Comment


Carole Courteaux
Carole Courteaux
Feb 16, 2021

Merci pour cette chronique. Ça me donne envie de découvrir le roman également !

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