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Marche Blanche de Claire Castillon

Dernière mise à jour : 26 août 2021



Claire Castillon est écrivaine, son premier roman, Le Grenier, est publié en 2000. À raison d’un nouveau roman par an en moyenne, l’auteure se construit peu à peu une œuvre conséquente. Les romans Je prends racine (2001), Pourquoi tu m’aimes pas ?(2003), Les Merveilles (2012), ou encore Eux (2014), écrit lorsqu’elle était enceinte, transcrivent sur papier l’univers, parfois sombre, de l'écrivaine.


Hortense, une fillette de quatre ans, a disparu. Ses parents survivent au drame, entre enquête, espoir et résignation. Dix ans après, de nouveaux voisins emménagent dans la maison d’en face. Leur fille a quatorze ans, exactement l’âge qu’aurait Hortense, et une petite cicatrice sur la lèvre, comme celle de la fillette disparue… Il n’en faut pas plus à la mère pour reconnaître sa fille. Un roman haletant, d’une grande justesse psychologique. Le style implacable de Claire Castillon impose de bout en bout la logique glaciale d’une mère délirante d’amour.


MON AVIS


J'ai eu peur de le lire, je suis plus sensible que d'habitude ces derniers temps. Depuis que j'ai un petit garçon, toutes les histoires qui concernent le meurtre, les disparitions, la souffrance des parents me rendent vulnérable et triste.

Finalement, j'ai été attiré par l'imagination d'une fin heureuse, de retrouvailles alors je me suis plongée dans sa lecture. J'ai été fascinée par la finesse du récit et des mots de Claire Castillon. Je savais son style doux mais je n'imaginais pas à ce point. Parfois nerveux et déconcertant. Avec ce roman, on plonge dans la tête d'une mère bouleversée par la disparition de sa fille, on pénètre au coeur des souffrances d'une mère sur des chemins inattendus, notamment celle de la maternité et du couple. La mère, oscillant entre hallucinations et retours brutaux à la réalité, vit sa souffrance à huis clos pendant que le monde continue sa marche. L'auteure construit petit à petit le trajet que la folie peut parcourir dans la tête d'une maman démunie, à bout, qui n'arrive pas à faire son deuil, cela fait froid dans le dos. La mécanique délirante, guidée par le trop plein d'amour, est bien rôdée ; rien ne semble pouvoir l'enrayer.

À noter que le comportement de la mère d'Hortense est aussi ambivalent finalement que celui de la société envers elle : manifestations de compassion et empathie bien vite remisées au placard, intrusion de médias et éditeurs dans sa vie privée, parce que la douleur, ça fait vendre, et pouvoir dévastateur de certains écrits.


CITATIONS


"Elle n'est plus là, parce qu'elle n'est plus nulle part. Elle est dans mon coeur, elle peut très bien y vivre. Je la fais battre. Pour la réanimer."


"Je me promène dans les Rousses avec Hortense dans la tête, Hortense, qui depuis sa disparition, se pose souvent sur les visages que je croise. Alors je leur souris doucement, à ces visages étoiles, à ces maitresses d'école, àces vétérinaires. Il n'est pas rare qu'Hortense me rejoigne en ballade, que j'ouvre la portière arrière de la voiture avant la mienne pour assoir son fantôme dans le siègne enfant trop petit pour elle."


"Depuis qu'Hortense n'est plus là, il veut qu'on forme un socle, ces fondations dont je parlais à Hortense, petite, quand je lui disait que toutes les deux on fabriquait une petite chapelle où on s'abriterait toute notre vie. Chaque câlin donnait une pierre, chaque plouf du ciment, chaque dispute une poutre, chaque regard un vitrail, et chaque baiser une note d'orgue."


"à Venise, on ne s'est pas donné la main. Carl parce qu'il trouvait grotesque les effusions publiques. Moi, parce qu'Hortense, dans mon ventre, réclamait toujours une main sur elle. J'aurais pu en donner une à chacun, mais Carl avait besoin des deux siennes pour tenir la carte et indiquer, le regard toujours au-delà de nous, la direction à suivre."


"Je sors mon tube de rouge à lèvres pour Carl, et soudain, à nouveau, alors que j'évite consciencieusement la fenêtre qui vient de me raconter n'importe quoi, je vois ma fille traverser l'allée sous mes yeux, en courant. [...] Mes pupilles se rétractent, j'ai un viseur de carabine dans chaque œil. Le flou disparaît. Tout est très clair. Je sais."


Vous pouvez le trouver ici

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