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  • Photo du rédacteurJustine

La maison d'Emma Becker

Dernière mise à jour : 26 août 2021



Emma Becker est née en 1988 dans les Hauts-de-Seine. Elle est écrivain. Elle vit à Berlin, où, durant deux ans, elle a travaillé dans une maison close. Aux éditions Denoël, elle a publié deux romans, Mr. (2011), traduit dans quatorze pays, et Alice (2015).


« J’ai toujours cru que j’écrivais sur les hommes. Avant de m’apercevoir que je n’écris que sur les femmes. Sur le fait d’en être une. Écrire sur les putes, qui sont payées pour être des femmes, qui sont vraiment des femmes, qui ne sont que ça ; écrire sur la nudité absolue de cette condition, c’est comme examiner mon sexe sous un microscope. Et j’en éprouve la même fascination qu’un laborantin regardant des cellules essentielles à toute forme de vie. »


MON AVIS


Le sujet me passionne depuis toujours, j’ai écris de nombreux articles sur la prostitution, lit de nombreux livres et même développé un podcast qui sortira bientôt, mais, (il y a forcément un mais), je n’ai pas véritablement accroché. J'ai même été assez déçue par cette lecture. Une amie m'a dit "Tu verras il est génial, je l'ai lu d'une traite, c'est rare pour un livre de plus de 300 pages !" Un roman-témoignage qui décortique une maison close et un auteure qui est allée jusqu’à y séjourner durant deux ans, plongée intrépide dans un milieu obscure et interdit, je veux bien le croire. J'étais donc toute excitée, je me suis calée dans mon bain, livre en mains et j'ai commencé. Au départ, on a l'impression de lire le journal intime d'Emma Becker, j'avais comme une impression que les chapitres ne se suivaient pas, qu'on pouvait découvrir sa vie d'avant, celle des filles de la maison, puis un amant d'autrefois sans véritable chronologie. Non pas que la chronologie me semble primordiale, là je me suis perdue à plusieurs reprises.


Je me sentais pourtant bien au sein de cette Maison, j'avais l'impression d'être à côté (tout en étant très étrangère) de Justine, d'Hildie, de Pauline, de Lotte, ou encore de Thaïs, l'ambiance me paraissait froide, et puis plusieurs fois, j'ai eu l'impression qu'elles n'étaient que fantômes à côté de Justine. Comme si l'auteure n'avait pas voulu donné de poids à ses femmes, ni à ce lieu.


J'ai adoré lorsqu'elle donne la parole aux autres filles, qu'elles racontent des anecdotes interessantes et poignantes, j'ai adoré aussi sa façon poétique d'écrire et parfois cru, voir dérangeante, j'ai adoré tous ces questionnements sur la féminité et le désir féminin.

Je reste sur ma faim.


CITATIONS


"J'ai été heureuse à la maison. J'ai adoré fréquenter ces filles, j'ai aimé ces hommes, aimé la couleur de ma chair dans la lumière rose et les jeux d'ombres sur mon visage, la sensation d'inventer à l'envi une nouvelle Emma, de nouvelles Justine, j'ai aimé l'impression que rien n'était impossible."


"Ecrire sur les putes, qui sont une telle caricature de femmes, la nudité schématique de cet état, être une femme et rien que ça, être payée pour ça, c'est comme examiner mon sexe sous un microscope. Et j'en éprouve la même fascination qu'un laborantin regardant les cellules essentielles à toute forme de vie se multiplier entre deux lamelles de verres."


"C'est sûr qu'il est plus facile de faire des putes des machines de sexe dépourvues du moindre affect, jetant tous leurs clients dans le même panier de mépris et de haine, et tombant miraculeusement amoureuses dès qu'elles posent le pied hors du bordel - parce que les femmes sont ainsi faites, n'est-ce pas ? Disons qu'on a voulu les femmes ainsi. Ce serait trop complexe de rendre la parole aux putes et de les voir telles qu'elles sont réellement, pas différentes des autres femmes."


Vous pouvez le trouver ici

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