On connaissait Gringe (de son vrai nom Guillaume Tranchant) rappeur, en solo ou en duo avec Orelsan et les Casseurs Flowters, Gringe sur un canapé dans la série Bloqués, Gringe sous un abribus dans le film Comment c’est loin, et acteur, toujours, sous la direction entre autres d’Olivier Marchal ou d’Andréa Bescond. Place à Gringe auteur.
Deux frères. L'un, candide, l'autre, rageur.
Leurs parents ont mis au monde la parfaite antithèse.
Quand Thibault fonce, Guillaume calcule.
Si Thibault tombe, Guillaume dissimule.
Prise de risque contre principe de précaution.
L’amour du risque face à l’art de ne jamais perdre.
En 2001, Thibault est diagnostiqué schizophrène. À cela, un Chevalier Lumière ne peut rien.
Sa bascule, il fallait la raconter. Et aussi la culpabilité, les traitements, la honte, les visions, l’amour, les voyages, les rires, la musique et l’espoir. Alors Thibault a accepté de livrer ses folles histoires. Et ses voix se sont unies à celle de son frère.
Contre une maladie qui renferme tous les maux, les clichés, les fardeaux, ils ont livré bataille.
À partir d’une tragédie universelle, ils ont composé un livre où douleur et mélancolie côtoient la plus vibrante tendresse.
MON AVIS
On connait surtout Gringe pour son duo avec Orelsan, Casseurs Flowters mais pas en tant qu’auteur ! Et pourtant… Lorsqu’il s’agit de parler d’un sujet qui nous concerne, on est plutôt fort, sincère et on se sent surtout légitime. L’écriture est poétique, déterminée à nous raconter l’histoire de Thibault, son frère schizophrène, son combat quotidien contre cette maladie méconnue, la réalité des hôpitaux psychiatriques mais, aussi la culpabilité familiale, la propre crise identitaire de l’auteur et son sentiment d’impuissance face à la détresse de son frère qu’il chérit tant.
Ce récit est d’autant plus touchant puisqu’il est écrit à deux, Thibault intervient, nous raconte sa vision, ses escapades et nous montre ses clichés à l’argentique. C’est authentique et bourré d’amour.
CITATIONS
« - Mon frère, je suis désolé. Je ne vais pas venir te chercher. Pas tout de suite. Faut d’abord que tu te calmes un peu. Ce sera pas long et c’est pour ton bien, fais-moi confiance.
Que ce mensonge m’étouffe. Moi et tous ceux qui nous ont conduits à prendre les mauvaises décisions pour Thibault.
Est-ce qu’il en est arrivé là parce que c’est tout nous qui nous cherchons à rassurer égoïstement ?
Je suis perdu.
Je ne mérite pas la confiance aveugle qu’il a placée en moi. »
« Le constat est cuisant : une propension à m’isoler toujours plus grande, détériorer chacune de mes relations, me rendre coupable de ne pas être à sa place, chercher à transcender le choc - jusqu’à la nevrose. Me donner du retard, dans tout, pour que Thibault n’est jamais à le combler; avoir bientôt quarante ans, ne pas être père, peut-être ne jamais vouloir le devenir, embrasser ma noirceur, pour que ma lumière ne puisse lui faire de l’ombre.
Le grand frère malade de son frère malade. »
« Des élèves disposent deux plantes vertes de la même taille et à quelques mètres seulement de distance l’une de l’autre. Arrosée et exposée à l’identique, la première est continuellement complimentée par les élèves, quand la seconde fait l’objet d’insultes quotidiennes.
En quelques semaines, l’observation est sans appel : la plante qui bénéficiait d’attentions bienveillantes a continué de se developper et se porte à merveille.
Quant à celle sujette à des jugements négatifs, elle s’est flétrie.
Jusqu’à dépérir.
Puis mourir. »
Vous pouvez le trouver ici
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