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  • Photo du rédacteurJustine

Cinq dans tes yeux d'Hadrien Bels

Dernière mise à jour : 26 août 2021



Hadrien Bels, né en 1979, a grandi à Marseille. Il est vidéaste et réalisateur.



Son surnom, Stress, c’est Nordine qui le lui a donné. C’était les années 90, dans le quartier du Panier, à Marseille, au-dessus du Vieux-Port. Il y avait aussi Ichem, Kassim, Djamel et Ange. Tous venus d’ailleurs, d’Algérie, des Comores ou du Toulon des voyous.

Sur la photo de classe, à l’époque, Stress était facilement repérable, avec sa peau rose. Et sa mère, Fred, issue d’une vieille famille aristocratique, était une figure du quartier. La caution culturelle.

Mais aujourd’hui, les pauvres ont été expulsés du Panier, les bobos rénovent les taudis et les touristes adorent arpenter ses rues tortueuses. Ses anciens potes sont devenus chauffeur de bus, agent de sécurité, dealer ou pire. Un peu artiste, un peu loser, Stress rêve, lui, de tourner un film sur son quartier d’enfance, et de leur faire rejouer leurs propres rôles de jeunes paumés, à coups de scènes colorées et d’arrêts sur image. Les descentes à la plage ou dans les boîtes de nuit, les bagarres et les parties de foot. On retrouve dans cette fresque drôle et acide le Marseille d’hier et d’aujourd’hui, ses quartiers, ses communautés. Tout est roman et tout sonne vrai, dans ce livre à l’écriture ultra-contemporaine, mixée d’arabe.



MON AVIS


J’ai été frappée d’abord par cette narration impeccable, insolente et maîtrisée d’Hadrien Bels. Au fil des ses descriptions, on arpente la ville de Marseille comme si nous y étions. À travers le quartier du Panier, on suit les aventures de Stress et ses amis, leurs journées (qui se ressemblent) et leurs soirées dans les années 90. En parallèle, on rencontre Stress aujourd’hui, toujours à Marseille entre gentrification, boboisation (les « venants ») et ses souvenirs. Véritable travail de sociologue, l’auteur nous montre comment Marseille est devenue celle qu’elle est aujourd’hui, en conservant son héritage.


Ce roman est un hymne à l’amour, une déclaration d’amour à la femme de sa vie : Marseille.


CITATIONS


« Depuis cinq ans, avec Sofiane, je fais des mariages orientaux dans les quartiers Nord. Je filme des faux cils qui se ferment au ralenti, des flacons de parfum La Vie est Belle et des Rolex au poignet. Tous les week-ends je me retrouve dans le coffre d’une voiture pour suivre des cortèges. Je drone au dessus des plages de Cassis et je prends toujours le même plan : un jeune couple qui se fait un bisous halal sur le front, avec le soleil en contre-jour. »


« Je suis sortie de sa vie comme on enlève un navet de son couscous. »


« Pendant une heure, on n’a plus entendu que le bruit des vagues, les bouteilles d’Heineken qui se décapsulaient et les rires des filles. »


« On en était restés à cet âge où l’on ne se dit rien et aujourd’hui, j’éprouvais le besoin de leur parler de la plus simple des manières, comme le font les gens normaux lorsqu’ils passent à table. Ichem, tu te rappelles de la mort de Hasni ? Ange, tu sais que j’ai jamais aimé Toulon. Toi qui as grandi là-bas, tu la vois comment cette ville ? Kassim, je t’ai jamais posé la question, c’est quoi ton opinion sur l’indépendance des Comores ? Nordine, quand tu regardes le tableau d’un grand peintre, comme Van Gogh par exemple, ou Picasso, est-ce que tu te rends compte du génie du type ? Parce que moi non. Djamel, dis-moi, c’est quoi pour être un bon père ? Juste pour entendre leur voix d’adulte. »


Vous pouvez le trouver ici

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